L'armée des ombres

 

L’armée des ombres (1969)  

Réalisateur: Jean-Pierre Melville 

Billet de Vincent Chenille  

 

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Ressortie de L’armée des ombres (1969) de Jean-Pierre Melville.

Situé dans la résistance française pendant l’occupation, le film insiste sur la consommation de boissons chaudes, (eau, café), à un moment où la pénurie n’est pas seulement alimentaire mais touche aussi au fuel, au charbon, et qu’il convient de se réchauffer de toutes les façons. Le marché noir et les tickets de rationnement sont bien sûr de la partie.

Une scène à ce propos est particulièrement intrigante. Jean-François Jardie, résistant novice, se rend chez son frère Luc Jardie, qui le retient à déjeuner. Ce qui est intrigant, c’est que Luc Jardie a des tickets pour le beurre et le fromage, mais n’en a pas pour le pain. Il en a pour des mets difficile à avoir, mais pas pour l’aliment de base. « Tu te débrouilles mal » lui dit son frère, lui donnant des tickets de pain qu’il a à la pelle. Ainsi chaque frère a donné sa part dans le repas. Mais ce qu’ignore le jeune résistant, c’est que son frère, qui se débrouille si mal, est son chef de réseau. Ainsi le repas est partagé, mais une hiérarchie est respectée. Jean-François a le pain, car il est le résistant de base et Luc a le beurre et le fromage, car il est un résistant plus rare.

Les mentions de valorisation sociale traduites par le beurre sont fréquentes durant cette période, qui pourtant commence à faire la lutte au gras.

Par exemple, dans César et Rosalie (1972) de Claude Sautet, les protagonistes mangent au restaurant. César y exige du beurre dur tout en montrant un paquet d’argent à Rosalie, susceptible d’acheter le restaurant. César a réussi et il le montre de toutes les façons.