D’amour et d’eau fraîche

L'embrasement, un film de Francis Lawrence  

Billet de Vincent Chenille 

Retour aux Archives des Parutions  

Retour aux Archives de Novembre 2013  

Ce 27 novembre sort sur les écrans L’embrasement, le second volet de la récente trilogie romanesque (écrite par Suzanne Collins), puis cinématographique, Hunger games.

Cette saga futuriste narre les aventures d’un couple adolescent, Katnees et Peeta, dans un futur américain, où les états se sont confondus dans une seule entité, Panem, expression latine du pain associée aux jeux du cirque. Panem ne nourrit pas son monde, la faim y domine, mais elle alimente la richesse et le pouvoir du district central baptisé Capitol (Rome oblige).

Soixante-quinze ans avant les faits, une révolte de la faim a eu lieu. Elle s’est terminée dans le sang, puisque le treizième district a été rayé de la carte. Depuis lors, pour fêter ce sanglant événement, le Capitol organise tous les ans les jeux de la faim. De jeunes représentants de chaque district et des deux sexes sont envoyés à ces jeux pour une lutte à mort.

Le gagnant remporte le droit de manger à sa faim jusqu’à la fin de sa vie.

Film apocalyptique de Francis Lawrence, qui avait justement réalisé Je suis une légende avec ses quelques survivants humains, Hunger games marque un tournant au cinéma, en montrant la possibilité de famine en Occident. Jusqu’à présent, la faim dans le cinéma de fiction se situait dans un ailleurs géographique (l’Afrique, par exemple, dans Le prix du danger d’Yves Boisset) ou découlait de situations exceptionnelles (un naufrage dans Seul au monde de Robert Zemeckis). La situation est aussi exceptionnelle dans Hunger games, mais elle est globale et non individuelle. Il y a eu une montée des eaux à l’échelle du continent, et le méchant baptisé Mr Snow est l’expression du changement climatique qui inonde les sols. Sensible au réchauffement climatique, Hunger games exprime aussi toute la misère sociale issue de la crise des subprimes.

Même au moment de la crise de 1929, le cinéma n’avait été aussi prompt et radical dans son expression. La scène de soupe populaire dans le King Kong de Cooper et Schoedsack (1933) était très brève et Les aventures de Robin des bois et sa révolte des affamés n’était sorti que dix ans après la crise. Cependant avec Hunger games, nous nous situons dans une philosophie adolescente où l’amour empêche d’avoir faim. Le couple de héros ne joue pas le jeu en ne s'entretuant pas, alors que l’ancien vainqueur des jeux, Haytnick Abernathy, est devenu alcoolique, c’est-à-dire rongé de remords.