La tortue rouge

 

La tortue rouge  

 

Réalisateur: Michael Dudok de Wit  

 

Billet de Vincent Chenille 

 

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Généralement, dans les films de naufrage, les aliments sont très présents et facilement identifiables.

C’est un peu moins le cas avec La tortue rouge, qui est un film d’animation. Si le réalisateur a choisi un dessin réaliste proche de la photographie pour le décor, il a opté pour une ligne claire (à mi-chemin entre le réalisme et la caricature) pour les êtres et objets animés. Lors d’une scène, le héros nourrit un crabe, et il est difficile de dire avec quoi. Néanmoins ce récit de naufrage est intéressant du point de vue de la nourriture, comparé particulièrement aux Naufragés, sorti trois mois plus tôt, et qui dépeignait une île dénuée de nourriture. Ici, ce n’est pas le cas, même si les personnages ne se nourrissent pas dans la facilité (pas de supermarché à l’horizon). Et si Les naufragés incitaient à un régime végétarien, ce n’est pas le cas de La tortue rouge, dans lequel la famille naufragée mange aussi bien du poisson que des coquillages ou des noix de coco. Tout est-il permis dans la limite des ressources disponibles ? Pas tout à fait, et en cela les humains se distinguent des oiseaux, des araignées et surtout des crabes, qui pullulent. Ceux-ci mangent tout ce qui passe à leur portée : du poisson pour les oiseaux, des insectes pour l’araignée, et toutes les chairs possibles pour le crabe (poisson, tortue et tentative de manger de l’humain).

Les hommes, eux, ne mangent pas de tortue, ni de crabe ; le fils qui le porte à la bouche le recrache aussitôt. Juste naufragé, le père ne mange pas la tortue, pourtant à portée de sa main (le crabe s’en chargera). Il sera même ému par une tortue rouge inanimée, qu’il avait frappée, car elle détruisait son bateau. Bonne intuition, car cette tortue rouge se métamorphosera en femme et deviendra sa compagne. L’intérêt de La tortue rouge est qu’il associe culture scientifique et culture évangélique.

En effet, l’auteur suivant les théories évolutionnistes rappelle nos origines aquatiques et elles se focalisent sur ce poisson évolué, avec des bras à la place de nageoires, qu’est la tortue. D’autre part, les interdits alimentaires de La tortue rouge sont conformes à ceux du lévitique 11 1 48 avec les poissons à écailles et nageoires autorisés à la consommation et les tortues nommément interdites. Autrement dit, manger de la tortue, c’est manger de l’homme, et il est donc interdit de manger de l’homme et ce qui mange de l’homme.