Saint-Amour

 

Saint-Amour  

Réalisateurs: Benoït Delépine et Gustave de Kervern  

 

Billet de Vincent Chenille  

 

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Le Saint-Amour est un vin du Beaujolais, bu par Jean et son fils Bruno, dans un petit restaurant, lors d’une route des vins. L’ont précédé le Pouilly fumé et le Pinot noir et suivront le vin des Corbières, le Saint-Emilion. C’est un voyage à travers les régions viticoles françaises qu’effectuent le père et le fils, une façon de découvrir la richesse du patrimoine français en matière de vin, et de terroir, avec les vins du Rhône, seconde surface viticole française et le Bordelais, régions où les terres cultivées sont le plus occupées par la vigne. Un voyage éducatif aussi en matière de goût : les compères apprennent à mesurer la qualité du cru par la longueur des arômes en bouche. Un voyage qui cependant avait commencé dans l’ivrognerie. Car cette route des vins avait débuté au Salon de l’Agriculture, où ils étaient en compétition pour leurs bovidés. Une route rétrécie dans l’espace et où les verres de vin se succédaient rapidement. Face à l’ivrognerie de son fils, Jean décide de l’éduquer en lui faisant découvrir la dégustation à travers une vraie route des vins.

Le Saint-Amour a beau être le titre du film, la promotion de la vigne française n’est pourtant pas le sujet alimentaire principal du film. Car les protagonistes ne sont pas des viticulteurs, même si Pelvoorde songe à convertir ses terres en vignobles pour avoir plus de reconnaissance. Ce sont des éleveurs de bovins confrontés à la crise du prix du lait et qui se sentent mal aimés. La route des vins est une route empruntée par le père pour tenter de convaincre le fils de se tourner vers l’élevage de viande, afin de pérenniser l’affaire. Pour le fils, c’est une route initiatique vers la reconnaissance, celle de son père et celle d’une femme. Car dans la famille, la maman est morte depuis peu. C’est le sexe que recherche avant tout Poelvoorde, ainsi que le chauffeur qui véhicule le père et le fils ; la jouissance certes, comme avec le vin, mais avant tout animale. C’est par la sexualité que passe le plaisir principalement, mais aussi la possibilité d’un avenir. Le film met en parallèle l’accouchement humain et la mise à bas d’une vache. Comme pour Pension complète ou A vif, le film se termine vers un avenir difficile, mais possible, ouvert sur le collectif. Sur le plan gastronomique cette ouverture associe le végétal, la vigne et la viande, le bœuf. Elle se traduit par un échange lors d’un repas dans un hôtel des Corbières. Au petit déjeuner, une femme ne s’est servie que des végétaux, alors que le père a pris une assiette complète de saucisses. Il peut se le permettre, car il n’a que du bon cholestérol. La dame craque dans son régime végétarien, empruntant une saucisse au père et lui donnant en échange un morceau de pastèque.